PERCĂES (SUR MĂDUSE), 2011
Projet dâinstallation in situ. Novela 2011, « Artifice, artificiel : de la ruse au robot ».
Texte de présentation du projet (2011)
MĂ©duse figure la fascination et la stupeur pĂ©trifiantes que visent les Ćuvres dâart visuel. La ruse de PersĂ©e illustre la question du rapport entre lâĆuvre et le spectateur. Chez Caravage, le tondo figure et matĂ©rialise ce bouclier-miroir devenu bouclier-miroir-tableau oĂč se mĂȘlent sur une mĂȘme surface le regard, la reprĂ©sentation picturale et lâimage spĂ©culaire de MĂ©duse. Câest autour dâun tel jeu rusĂ© (et esthĂ©tique) sur des ambivalences perceptives et artificielles que le spectateur sera conviĂ© Ă exercer sa propre ruse. La stupeur, lâeffroi, dans le sublime, sont mis Ă distance. De mĂȘme, le spectateur de lâinstallation devrait dĂ©passer le simple stade perceptuel, celui oĂč il verra la lumiĂšre pĂ©trifiĂ©e, et prendre plaisir Ă la ruse, au risque de ne rien voir.
Description de lâinstallation. Deux « percĂ©es » circulaires de 1,50m de diamĂštre, juxtaposĂ©es ou se faisant face, renvoient au bouclier et Ă lâimage quâil reflĂšte : le regard pĂ©trifiant de MĂ©duse.. La lumiĂšre utilisĂ©e est programmĂ©e pour produire des artifices perceptuels parfaitement indĂ©celables par lâĆil. La lumiĂšre, immatĂ©rielle, prend un aspect solide (pĂ©trifiĂ©) et se fond avec le mur environnant, puis se liquĂ©fie ou se dĂ©matĂ©rialise Ă nouveau, grĂące Ă une manipulation des conditions de perception du spectateur. Elle produit alors des perceptions rĂ©elles, quoique totalement « trompeuses ». La programmation des deux « percĂ©es », Ă la fois MĂ©duse et bouclier, jouant sur les rythmes et les alternances de ces phĂ©nomĂšnes, explore le rapport spĂ©culaire et conflictuel que le mythe met en scĂšne. Elle dĂ©ploie dâautres stratĂ©gies rusĂ©es dont la mĂštis des Grecs trouvait exemple dans la nature : le nuage dâencre du poulpe, le camouflage, etc. Le spectateur Ă©prouve puis dĂ©passe lâillusion pour que sâinstaure une forme de conversation. Il ne sâagit donc pas dâune installation qui se rĂ©sume Ă sa dimension ludique fondĂ©e sur de simples mĂ©canismes optiques. Les arts visuels, des peintures antiques Ă nos jours, ont toujours créé des machines Ă tromper les sens : des artifices rusĂ©s suscitant la ruse, dans un jeu mutuel de sĂ©duction/dĂ©ception. Car le projet nâengage pas que la vue. AttirĂ© au plus prĂšs du phĂ©nomĂšne, comme sĂ©duit par la beautĂ© terrifiante de MĂ©duse, le spectateur est tentĂ© de « toucher » la lumiĂšre, mais câest elle qui le saisitâŠ
Matériaux : Deux chambres à lumiÚre, sources de lumiÚre, programme informatique, capteurs.
Configuration spatiale : Deux ouvertures circulaires dĂ©coupĂ©es dans des cloisons et donnant sur des chambres de lumiĂšre dont lâĂ©clairage est assurĂ© Ă lâaide de sources de lumiĂšres commandĂ©es par ordinateur. Lâensemble est programmĂ© selon une partition qui se dĂ©veloppe dans le temps. Lâinstallation rĂ©agit Ă la prĂ©sence des spectateurs.